Une première vison des affiches de Cédric Gatillon peut sembler - au regard non aguerri - plurielle et incongrue. Devant des portions de corps aux poses improbables comme dans Bord#1 d’Emmanuelle Huynh, on participe à une gymnastique visuelle des corps, du texte et des images. Parfois, des projections de textes ou des écrans de télé viennent perturber notre rétine, des collages typographiques comme des lettres anonymes se bousculent : écrit et image s’inventent entre écrans publicitaires et panneaux western intergalactiques… (Saison 2005-06, Villa Gillet, Lyon). Pas un style, pas une seule et même approche – mais des conversations chaque fois différentes et toujours renouvelées avec le client.
Le graphisme de Cédric Gatillon : l’art visuel au quotidien d’un homme-orchestre
Soir de vernissage sous les affiches
Dessin en noir ou une couleur sur aplat de rouge, jaune, bleu ou vert. Les contraintes économiques donnent des résultats créatifs inattendus tel ce couteau suisse orchestrant la saison 2003-04 du Théâtre de la Renaissance à Oullins. Plaisir de découvrir le parti pris d’un fond rouge avec une découpe du sujet dessiné en aplat de noir et une typo blanche en haut de casse, sans empâtement. Un diapason est fièrement campé dans des chaussures pour le spectacle musical Aventures et nouvelles aventures. Dans Emprise de tête, une tête à la forme simplifiée – sans doute un hommage au style Art déco de Jean Carlu ou de Cassandre - dessine un jeu de labyrinthe dans sa calotte… Coriolan de Shakespeare (saison 2004-05) fait ouvertement référence aux affiches de mai 68 et adapte parfaitement le visuel contemporain à la tragédie antique. Pour la saison 2005-06, Cédric Gatillon s’amuse de jeux typographiques ou la lettre devient une fringante image pleine de couleur, déjouant les codes attendus des spectacles musicaux, électro ou vidéo… 2006-07 donne la part belle aux collages, amoncellement d’hybrides humanoïdes formés d’objets divers du quotidien et instruments de musique avant la déferlante de fruits et légumes de la saison suivante.
Le Théâtre 13 est quant à lui résolument humain. Il mélange la réalité à la fiction, l’humour et la poésie. Dans un grand souffle anthropomorphique, Lysistrata, Roméo et Juliette, Les cuisinières inaugurent un style ou sculpture antique et corps humains s’hybrident dans une emphase surréaliste pour donner chair à un texte théâtral. Citons aussi la magnifique série des lettres peintes à même le corps (La Dispute, le Timide au palais) et les textes projetés, comme pour Marie Stuart ou l’illusion d’une collerette blanche évoque un détail vestimentaire et son destin cruel (saison 2007-08)
Le corps décor…
Des conversations toujours renouvelées avec les clients
Depuis 2008, cet univers éclectique s’est enrichi de l’identité graphique du Théâtre de Cachan, avec la création d’un logo dont la caractéristique est la personnification du A, lettre commune aux deux mots. Des affiches sont apparues résolument typographiques et en deux tons Pantone, créant une troisième couleur qui dynamise la composition dans une simplicité déconcertante.
Ah, Ah, voilA le ThéÂtre de CAchAn !
"Peut-on mettre le titre en un peu plus gros !"
Une exposition du travail graphique de Cédric Gatillon
Affiches, dessins préparatoires et collages
jusqu'au 26 novembre 2009
ESAV, école supérieure des arts visuels de Marrakech, Maroc
Ouvert tous les jours de 10h à 19h, fermé dimanche et jours fériés
Une exposition du travail graphique de Cédric Gatillon
Affiches, dessins préparatoires et collages
jusqu'au 26 novembre 2009
ESAV, école supérieure des arts visuels de Marrakech, Maroc
Ouvert tous les jours de 10h à 19h, fermé dimanche et jours fériés